Journée cruciale aujourd'hui. Date clé du traitement. Caroline va subir un myélogramme. J'angoisse beaucoup...
Je me lève à 7h. Jp est déjà au boulot. Hier, j'ai profité de mon fils et nous avons dansé et dîné ensemble. Cela faisait si longtemps. Mon petit garçon riait aux éclats avec moi. Il a pris sa
douche, dîner. Des petits instants de bonheur tout simples qui font du bien au moral.
10h20, j'arrive à Trousseau. L'interne me voit juste avant que j'entre dans la chambre de Caroline. "Attendez! Je vais lui administrer le suppositoire pour la détendre un peu". Malgré les petits
jeux avec doudou pour lui administrer de façon ludique, Caroline a toujours autant horreur d'avoir quelque chose dans les fesses... Elle hurle tellement qu'on l'entend à travers tout l'étage!
Puis, je peux entrer. Je fais un gros calin à ma puce. Elle finit par se calmer. Nous commençons une partie du jeu des clowns... Mais ne pouvons pas la terminer car les médecins arrivent avec le
masque et leur atirail de torture. J'angoisse à l'intérieur et essaie de paraître détendu pour ma fille.
Elle a eu des patchs d'Elma sur les hanches. Elle s'allonge sans rien dire, prend doudou dans ses bras. Je m'asseois près de sa petite bouille qui est gonflée par les corticoides depuis quelques
jours. Je tiens le masque sur elle. Je lui parle, chante; elle me répond. Elle est étonnante. L'équipe médicale est aussi formidable, tout est rapide et Caroline ne bouge pas du tout. Elle est
immobile et m'écoute. 5 minutes plus tard, "c'est fini"! Ouf! J'enlève le masque. Ma puce veut s'asseoir mais "çà tourne maman". Elle se rallonge et rit un peu...
Au bout de quelques minutes, c'est passé. L'interne l'examine comme tous les jours: bouche, coeur, poumons, fesses, ventre! Tout va bien . Je lui dis que je suis fière d'elle.
"Tu sais maman, j'ai même pas pleuré. Tu es contente? Et papa, il sera content?
- Tu vas le lui dire toi même. Il sera fier de toi, comme moi".
Les clowns passent quelques instants dans la chambre. Quelques pitreries durant lesquelles Caroline rit de bon coeur. Ca fait du bien. Puis, c'est l'heure du plateau repas du midi: omelette
frites, petits suisses, pain et beurre! Elle mange bien.
Jp a pris le train, il arrivera vers 16h20. 16H, le docteur qui s'occupe de Caroline entre dans la chambre. Je redoute ce moment. Le myélogramme est très important. De lui, dépend la suite
du traitement. L'entretien dure 5 minutes: "Tout va bien, le myélogramme est bon. Il n'y a plus de cellules cancéreuses. Quand Caroline sortira d'aplasie (baisse des globules blancs et
rouges), que sa moelle refonctionnera seule, là nous referons un myélo pour voir si des cellules cancéreuses réapparaissent". C'EST UNE SUPER NOUVELLE!!! Bien sur, c'est une 1ère
victoire. Caroline fait partie du 1er groupe ( -5% blastes: cellules cancéreuses), le "moins" atteint... Elle ne recevra pas la Daunorubicine (qui peut provoquer des problèmes cardiaques), c'est
une autre bonne nouvelle... J'apprends la nouvelle à mon mari. Il est heureux. Je lis dans ses yeux le bonheur de cette nouvelle. Je le retrouve confiant, joyeux, tout simplement beau. Nous nous
serons forts l'un contre l'autre, la joie est immense.
Demain c'est nos 5 ans de mariage, cette nouvelle est un merveilleux cadeau
Seul petit bémol, Caroline commence à perdre ses cheveux. Il y en a sur l'oreiller, sur son plateau, ses coloriages. C'est assez impressionnant. Je lui explique que ses cheveux tombent car elle
est malade mais qu'ils repousseront encore plus beaux:
" Mais je veux pas perdre mes cheveux, maman...
- Tu peux essayer de mettre les petits foulards qu'on t'a acheté...
-Non, j'ai pas envie!
Je n'insiste pas, nous verrons au moment venu... Je lui dis que les médicaments sont en train de la guérir et que nous espérons bientôt rentrer à maison... Elle est contente mais me dit de sont
air plein de sagesse:
" Moi je suis malade. Je suis à l'hôpital pour me guérir. Sinon, je vais mourir"
Elle répète cela souvent... Elle a conscience de la gravité de sa maladie. Mais elle a mûrit en quelques semaines. Cette épreuve nous fera tous grandir...